Huitième jour
Je fixais le ciel d'un bleu limpide allogée sur le matelas. Je l'avais vu changer de couleur. Passer du noir au gris, puis plus clair à mesure que le jour se levait. Le soleil montait dans ce ciel si bleu. La lune disparaissait peu à peu, devenait transparente. J'avais toujours trouvé ça drôle de voir la lune au beau milieu du jour. Comme une antité survolant nos vies, discrète, légère.
Je voyais aussi quelques branches dénudées qui s'agitaient devant la fenêtre. Il y avait donc un arbre ou plusieurs là-haut. Je me trouvais peut-être dans une forêt ou bien il y avait un jardin autour de moi. Y avait-il des fleurs au printemps ? Si je reste assez longtemps dans cette prison, je le saurai au printemps prochain. Je ne les verrai pas mais je les sentirai sans doute. En espérant que leur odeur soit plus forte que celle dans laquelle je vis. Le plus malheureux est que je commence à m'habituer à ces senteurs nauséabondes. Je finis par ne plus rien sentir du tout. Comme si mon nez était anesthésié à l'intérieur. Je commençais à m'habituer à plusieurs choses d'ailleurs. Le fait de ne pas manger à ma faim, par exemple, ne me dérangeait plus. J'avais été anorexique étant adolescente. J'avais été soignée et je m'en était sortie. J'espérais que mes vieilles habitudes ne reviendraient pas. J'avais peur, comme une alcoolique à qui on offre un verre aussi petit soit-il, que mon estomac redevienne comme avant, refusant la nourriture. Mais je me rassurais. Dans ma tête, je ne le voulais pas.
Je pris ma tête dans mes mains et me mise à pleurer. Quand ce cauchemar allait-il s'arrêter...